LE RAPTOR 300 DÉBARQUE EN FRANCE
Commercialisé depuis environ un an outre-Rhin, c’est avec une certaine impatience que l’on attendait de découvrir le Raptor 300 à l’oeuvre.
C’est chose faite grâce à Hantsch, l’importateur français, qui a présenté au public le dernier-né de la gamme de chenillards Ahwi-Prinoth lors d’une démonstration en Saôneet-Loire le 20 janvier dernier.
LUN NOUVEAU CHASSIS
La gamme de porte-outils chenillés Ahwi-Prinoth se renouvelle, les Raptor venant progressivement remplacer les modèles RT. Après le Raptor 800, imposante machine de 640 ch présentée à Hannovre lors de l’édition 2011 de l’Agritechnica, son petit frère, le Raptor 300 a été introduit fin 2014. Toujours présents, les modèles RT200 et RT400 seront eux aussiremplacés plus tard. Avec ses 275 ch, le nouveau chenillard vient donc s’intercaler entre les deux RT pour occuper un segment de marché plutôt porteur. Si l’on en juge par ceque nous annonce le fabricant, le démarrage commercial du Raptor 300 tient déjà ses promesses, Avec déjà presque vingt pièces mises surle marché. Dans un premier temps, le constructeur a décidé de faire cohabiter deux motorisations. En effet, le Caterpillar C7.1 est proposé en version Tier 3 ou Tier 4 sur un même châssis. Si l’on compare à celui du RT200, le capot arrière a pris de l’ampleur, et atteint désormais le même niveau de hauteur que la cabine dans un prolongement plus harmonieux. Cette nouvelle architecture a surtout permis au constructeur d’offrir quatre ouvertures surdimensionnées qui permettent un accès facilité à toute les parties du compartiment moteur. De veritables portes qui occupent toute la superficie latérale du capot, ceci des deux côtés de la machine. Si ce relookage confère au Raptor 300 un aspect très compact, ses dimensions n’en sont pas moins respectables Avec une longueur de 6.474 mm pour une largeur de 2.550 mm, broyeur Ahwi M650m compris, une hauteur de 2.700 mm, et un poids total de 15.250 kg.
DEUX MODES D´ENTRAINEMENT MÉCANIQUES
Initialement prévue dans le Doubs, cette première présentation du Raptor 300 dans l’hexagone a dû se rabattre in extremis en raison de la neige à Dommartin-lès-Cuiseaux, dans la plaine en Saône-et-Loire. C’est donc sur un terrain plutôt plane, et fort détrempé qu’il nous a été donné de le voir évoluer. La machine présentée est dotée d’un moteur Tier 3 et équipée d’un broyeur Ahwi M650m. Une des spécificités des chenillard Prinoth concerne d’ailleurs l’entraînement de l’outil. En effet, le client final a le choix entre utiliser la prise de force classique ou l’entraînement par courroies, baptisé Powerband. Avec ce dernier, on reste sur un principe mécanique, un choix délibéré du constructeur qui estime que cela garantit un bien meilleur endement et la Diminution des coûts d’exploitation par rapport à un système hydraulique. Cependant, l’entraînement Powerband n’est plus direct mais se fait par un système de poulies et de six courroies en V crantées, trois de chaque côté du broyeur M650m. Pour Stefan Jehle, responsable commercial chez Ahwi, ce type entraînement, breveté par le constructeur, apporte définitivement plus de souplesse et permet au rotor de mieux absorber les chocs sans perdre de puissance au redémarrage. Effectivement, l’outil a l’air efficace. Le chantier où se joue la démonstration est une parcelle à nettoyer qui a été mise à blanc il y a déjà quelques années. Les souches sont difficilement visibles au milieu de la végétation qui a déjà bien repris le dessus. L’engin progresse régulièrement. Le rotor creux de 650 mm de diamètre pèse 850 kg et tourne à sa vitesse idéale de 1.500 trs/min. Lorsqu’il rencontre une souche, l’impact est effectivement amorti en douceur. Si nécessaire, le pilote qui dispose d’un compte-tours sur le tableau de bord, peut aussi ralentir le rotor manuellement. Dernier avantage de l’entraînement Powerband : il autorise un levage de l’outil beaucoup plus haut, en l’occurrence 1,60 m mesuré au point central du rotor.
DE NOUVELLES CHENILLES
Une évolution importante, apportée par le Raptor 800 et reprise pour le 300, concerne le train de roulement baptisé chenilles Delta par le constructeur. Sa forme triangulaire permet de protéger davantage le barbotin arrière qui est surélevé et ne risque plus de s’enfoncer dans la terre. En marche arrière l’angle de fuite est bien meilleur et les cailloux, souches, talus ou autres obstacles sont abordés moins brutalement. Les chenilles d’acier s’adaptent mieux au terrain. Elles sont proposées en trois tailles, en 600, 730, ou 800 mm e large. Deux types de profil sont également disponibles. En Version standard, elles disposent tout de même d’un relief marqué avec des doubles barrettes, et une forme un peu bombée sur les côtés pour une dégradation du sol atténuée lorsque l’on tourne. Effectivement, très peu de traces au sol sont apparentes sur le terrain de démo où l’engin effectue de nombreuses manoeuvres. Mais Stefan Jehle précise bien qu’il est également possible, pour travailler dans la pente d’opter pour un train de chenilles plus agressives. Le Raptor 300 est en Effet donné pour pouvoir évoluer jusqu’à 45° d’inclinaison en frontal, et 30° dans le dévers. Si nous ne pourrons pas en juger ce jour-là, il faut bien reconnaître que le chenillard présenté, avec des chenilles de 730 mm, s’est montré particulièrement respectueux d’un sol littéralement gorgé d’eau. Ainsi équipé, l’impact au sol communiqué serait de 280 g/cm², chiffre sur lequel il est encore possible de gratter 10% en train de 800 mm. Toujours est-il qu’alors qu’à pied on s’enfonce par endroit de 10 cm, le Raptor semble littéralement flotter sur le terrain. Derrière lui, c’est propre et parfaitement plane.
UNE CONDUITE PLUS SOUPLE
Jusqu’ici tout va bien. Le démonstrateur allemand maîtrise bien son sujet. Mais il faut reconnaître que le terrain n’est pas très compliqué et que l’on reste quand même un peu sur sa faim. Enfin, ceci jusqu’à ce qu’un chauffeur présent demande à essayer l’engin. Philippe Racat travaille pour la Sarl Bourassin-Schouwey de Luxeuil en Haute-Saône. Il connait bien les porte-outils Prinoth puisqu’au quotidien il pilote un RT200. Gilbert Tisler, le gérant de l’entreprise, explique qu’ils ont acheté le chenillard pour « remplacer les tracteurs là où ils ne peuvent pas aller ». Visiblement, les deux hommes ont l’air satisfait des services rendus par la machine. Ce qu’il y a de bien, c’est que Philippe a semble-t-il décidé de tester ce que ce Raptor 300 avait dans le ventre. Sans coup férir, il dirige le chenillard vers une bordure de la parcelle où un taillis plus dense a été laissé en place. Ça pousse fort, les petits arbres sont couchés et réduits dans la foulée par les 56 outils Upts du broyeur, les marteaux à une ou deux pastilles, brevetés par Ahwi. En tout cas rien n’arrête la Progression du Raptor, et Philippe a plutôt l’air emballé. Immédiatement il établit la comparaison avec le RT200 : « Il est beaucoup plus souple, on ressent moins les secousses, le 200 est beaucoup plus brut ! » s’enthousiasme-t-il. Il pense que les nouvelles chenilles, « avec le barbotin en l’air », y sont pour quelque chose. Les 5.000 kg de poids supplémentaire probablement aussi. Pour Claude Hantsch, la gestion électronique qui régule l’avancement et répartit la puissance entre l’outil et le porteur apporte également beaucoup de souplesse, et élimine tout risque de caler.
DÉJÀ UN BEST-SELLER
Ce qu’il y a de sûr, c’est que le confort de la cabine a été soigné. L’espace intérieur, même réduit, est bien optimisé, l’insonorisation est efficace, et les secousses bien amorties. Le parebrise, protégé par une robuste grille, descend jusqu’au sol et offre une vue dégagée sur l’outil et l’aire de travail. La cabine est basculante, vers l’avant, par le biais d’une pompe à main. En dessous on accède aux gros coupleurs remplis d’huile, qui absorbent les chocs et préservent ainsi l’arbre de la casse. Quant aux larges ouvertures du capot arrière, elles permettent d’accéder à tous les autres organes mécaniques. Un ventilateur réversible, avec intervalle d’inversion réglable en fonction des travaux, assure le dépoussiérage. En présence d’un moteur Tier 3, on est surpris par l’importance de l’espace vide dans l’habitacle. « Avec le moteur Tier 4, c’est complètement rempli», précise Stefan Jehle. Le constructeur a en effet décidé de faire cohabiter les deux motorisations dans le même châssis pour s’adapter aux differentes législations. En tout cas, si l’on en croit le responsable allemand, cette taille intermédiaire entre le RT200 et le RT400 était attendue, car, nous confie-t-il, en un an d’existence le Raptor 300 fait déjà les meilleures ventes de la gamme. V.N.
Vincent Nathan, in Le Journal de la Mécanisation Forestière, N° 161, April, 2016